Trance Goa

La Trance Goa est un sous-genre de la Trance psychédélique. Elle a émergé au début des années 1990 dans l’État de Goa en Inde. Elle est étroitement associée à la culture hippie et aux festivals psychédéliques, qui étaient initialement portés sur le Rock Psychédélique. La Trance Goa a marqué les années 1990 et a joué un rôle majeur en tant que précurseur d’un genre plus global : la Psytrance.

Caractéristiques

La Trance Goa est un style de musique électronique psychédélique, avec un tempo généralement compris entre 135 et 150 BPM (battements par minute).

À l’origine, elle visait à amener les danseurs à un état collectif de transcendance corporelle. Cet état est semblable à celui ressenti lors des rituels de danse chamanique. Cet objectif se traduit par un rythme énergique et répétitif. Il est dominé par un kick profond et puissant, des sub-bass proéminentes, ainsi que des mélodies et lignes de basse hypnotiques et pulsantes.

Les morceaux de Trance Goa s’étendent généralement sur 8 à 12 minutes, bien que certaines versions live puissent être plus longues. Ils favorisent une progression musicale marquée par une montée d’intensité jusqu’à un climax puissant, suivi d’une chute rapide. Cette dynamique est soutenue par des variations dans les motifs de percussion et l’ajout de notes de synthétiseur complexes et rapides au fil du morceau.

La Trance Goa intègre souvent des éléments mélodiques et des influences culturelles propres à la région de Goa, telles que des sonorités du Moyen-Orient et de l’Asie du Sud, enrichies de tonalités acidulées.

L’usage d’échantillons vocaux est également fréquent. Ils abordent des thèmes comme la drogue, la parapsychologie, la vie extraterrestre, l’existentialisme, les expériences hors du corps, les rêves, la science, les voyages dans le temps, la spiritualité, et d’autres sujets mystérieux et non conventionnels. Ces thèmes se reflètent dans l’identité visuelle de la Trance Goa. Ils apparaissent dans les noms d’artistes, les titres de morceaux, les décors d’événements et les pochettes d’albums.

Enfin, cette musique fait largement appel à des effets sonores, comme des distorsions, pour reproduire les effets des drogues psychédéliques ou amplifier l’expérience sensorielle.

Différence entre Trance Goa et Psytrance

Avant d’aller plus loin, il est important de noter que, selon certaines opinions, la Trance Goa et la Psytrance sont parfois considérées comme synonymes. En effet, dans les années 1990, ces termes étaient souvent utilisés de manière interchangeable. Toutefois, nous pensons qu’il existe une distinction à faire entre les deux.

La Psytrance peut être vue comme une évolution de la Trance Goa. Elle s’est modernisée en adoptant de nouvelles influences et a donné naissance à une variété de sous-genres comme le Full-On, la Darkpsy, la Progressive Psytrance, la Forest, la Hi-Tech et le Psycore. Cette transition a débuté à la fin des années 1990, marquant le passage de la Trance Goa à la Psytrance. Le son a progressivement évolué, troquant son caractère organique contre une esthétique plus métallique, minimaliste et épurée.

La Psytrance se distingue par des tempos plus rapides et des lignes de basse plus dynamiques. Ces tempos sont généralement compris entre 140 et 160 BPM, voire plus. Ils offrent un rythme galopant caractéristique. Elle inclut souvent des éléments sonores plus agressifs et industriels. Elle adopte aussi une approche minimaliste des mélodies. Cette orientation favorise l’expérimentation sonore, avec une utilisation accrue d’effets spéciaux, créant une atmosphère frénétique. La Psytrance incorpore également des motifs de percussions plus complexes.

Alors que la Trance Goa puise fortement dans l’iconographie hindoue et l’influence culturelle de l’Inde, la Psytrance s’inspire d’influences culturelles plus diversifiées et développe sa propre esthétique tout en conservant un caractère psychédélique.

Morceaux emblématiques

La Trance Goa a donné naissance à des morceaux emblématiques. Découvrez notre sélection de cinq classiques incontournables :

Hallucinogen – LSD (1994)

Man With No Name – Teleport (1994)

The Overlords – God’s Eye On Goa (1994)

Astral Projection – Mahadeva (1995)

Shakta – Lepton Head (Deedrah Remix) (1997)

Histoire de la Trance Goa

Origines et développement

Goa Gil et DJ Laurent en pleine festivité en 1991

La Trance Goa trouve ses racines dans la région de Goa, en Inde, devenue dans les années 1960 et 1970 une destination prisée par les hippies du monde entier. Ces voyageurs ont introduit la musique psychédélique, notamment le Rock Psychédélique, qui a progressivement fusionné avec les influences musicales locales. L’arrivée des musiques électroniques à Goa a ensuite conduit à la naissance de la Trance Goa au début des années 1990, amorçant une scission au sein du mouvement Trance avec l’émergence de son courant psychédélique.

Les premières fêtes de Trance Goa avaient lieu principalement sur les plages de Goa, dans une atmosphère libre, expérimentale et mystique. Ces événements étaient souvent animés par des performances live d’artistes locaux et internationaux, tels que DJ Laurent, Fred Disko, Goa Gil, et plus tard, Mark Allen.

Les fêtes à Goa étaient également reconnaissables par leur esthétique particulière, marquée par l’usage de peintures fluorescentes sur les vêtements et les décorations, telles que des tapisseries. Les motifs graphiques s’inspiraient souvent de l’hindouisme et d’autres traditions religieuses orientales, ainsi que de thèmes comme la science-fiction, les extraterrestres, l’art psychédélique et le chamanisme.

Expansion mondiale

À partir de 1993, le phénomène s’est répandu dans le monde entier. Il est devenu une véritable diaspora culturelle. Ce mouvement a trouvé un écho vibrant à Londres, notamment dans le club underground Megatripolis. Il s’est aussi illustré lors de nombreuses raves et festivals internationaux. La Trance Goa a également pris racine en Israël, où d’anciens soldats, après avoir découvert cette musique pendant leur année sabbatique en Inde, ont contribué à son essor. Des artistes comme Astral Projection et Infected Mushroom ont joué un rôle clé dans ce développement, faisant d’Israël un véritable centre de la Trance psychédélique.

De nombreux labels à travers le monde ont contribué à promouvoir la Trance psychédélique. Parmi eux, on trouve des labels majeurs comme Dragonfly Records et Tip Records au Royaume-Uni. Tous ont respecté l’éthique des fêtes de Goa. La première compilation de Trance Goa, intitulée « Dragonfly – Project II Trance », est parue en 1993. Elle regroupe des morceaux d’artistes majeurs comme Man With No Name, Hallucinogen et Raja Ram.

L’âge d’or de la Trance Goa, généralement situé entre 1994 et 1997, a été marqué par la diffusion de « The Goa Mix » de Paul Oakenfold. Ce mix a été présenté dans l’émission « The Essential Mix » sur BBC Radio 1. Il a ensuite été commercialisé sous forme de compilation. Des artistes comme Man With No Name et Juno Reactor ont également vu leur musique intégrée dans des films hollywoodiens tels que « Mortal Kombat » et « Matrix ».

Déclin et renouveau

À la fin des années 1990, les nouvelles technologies ont transformé la scène musicale et ont entraîné le déclin de la Trance Goa. Elle a été absorbée par un genre plus vaste, la Psytrance, qui a engendré de nombreux sous-genres par la suite.

Cependant, la Trance Goa a connu un renouveau, souvent qualifié de ‘Neo Goa’ ou ‘New School Goa’. Celui-ci est principalement soutenu par une scène underground et des labels spécialisés comme Suntrip Records. Des artistes contemporains s’efforcent de préserver l’esprit original de la Trance Goa, tout en y apportant une touche moderne.